lundi 28 mars 2016

SCC8/1 - Pavillon 1 : MUTU AZANGA SUKI

Vieux Condor, un corbeau...
- Allo coucou, petite chérie  ! Hola guapa ! Tu m'as appelé ?
- Oui, je voudrais bien savoir : le corbeau de ton roman, c'est un vrai corbeau, Douchka ?
- Ben oui !
- Mais pourquoi tu l'appelles Vieux Condor, alors ? Pourquoi Vieux et pourquoi Condor ? 
- Pourquoi Vieux ? Par respect évidemment, petite chérie ! De toute manière, un condor n'est jamais un jeune homme ! Il a toujours l'air vieux, non ? Ata viendrait-il de naître ! Ata serait-il petit de taille ! Ata serait-il un corbeau déplumé !
- Et Condor, pour quelle raison ?
- Devine !
- J'imagine que le corbeau de ton roman avait perdu pas mal de duvet et de plumes dans la nuque ou sur la caboche, c'est bien ça ? Et que cette calvitie (surprenante pour un oiseau de son espèce) le faisait ressembler à un oiseau de proie,  non ? A un vautour d'Afrique ou à un condor des Andes ou de Californie... mais un condor a plus de classe qu'un vautour, non ?
- Onyati ! Le corbeau de mon roman avait, en effet, perdu une bonne partie de sa chevelure dans le combat singulier qui l'avait, jadis, opposé au renard (lequel, comme chacun sait, l'avait dupé, déshonoré et avait même tenté de le croquer)... et aussi, par la suite, lors d'interrogatoires musclés, de passages à tabac; séances de tortures et d'arrachage d'ongles et simulacres d'exécution auxquels avaient procédé, au nom de la Haute Hiérarchie, des instrumentistes de la sorcellerie (corps habillés en bleu et en kaki travaillant pour les "services" et obéissant aux ordres des crapuleux) ! Et je l'appelle aussi Condor parce que... Ata azanga suki !, le corbeau de mon roman ne manque pas d'allure, fait montre d'envergure, affiche une sacrée gueule, continue de protester et de gueuler... et qu'il n'a rien perdu de sa dignité et de sa pugnacité !
Vieux Condor, donc, un corbeau de haute futaie, à la tête dénudée, grand de taille, de constitution plutôt vigoureuse (même s'il se trouve aujourd'hui cabossé, qu'il boitille de l'aile gauche et qu'il a perdu l'usage de certains de ses ongles), a toujours été un meneur et un harangueur talentueux. Ancien animateur d'un groupe de djeuns particulièrement turbulents, c'était lui qui, autrefois, montait les coups, entraînait toute sa bande dans l'attaque en piqué de troupeaux d'envahisseurs : des scouts ou des colons conquérants, insolents et présomptueux ou des touristes tapageurs, destructeurs et pollueurs se déplaçant en colonnes. Vieux Condor plongeait sur eux, les survolait, les pourchassait et... Bapaya libanda abima ! Videz vos poches et retournez d'où vous venez ! Bapaya nyoso babima !, les terrorisait jusqu'à ce qu'ils lâchent leurs sacs à dos, malles cantine ou paniers de pique-nique, abandonnent sur place pommes et mangues, biscuits de survie, tartines aux oeufs brouillés et sandwichs au jambon, brochettes de sauterelles, kamundele, épis de maïs (bouillis ou grillés) et cornets de frites-mayo, kwanga, sardines en boîte (ou Tupperware de boulets sauce lapin), cannettes de bière, bouteilles de Mateus mises au frais dans des frigos portatifs et même, parfois, une calebasse de masanga ya mbila achetée au bord de la route à un vieux tireur de vin de palme. C'est lui aussi qui, parfois, partait seul, en avant-garde, à la recherche de nourriture pour les membres de sa bande.

Dans le temps, en effet, Vieux Condor était capable de découvrir un cadavre d'homme ou d'animal (ou même le peu qu'il en restait après l'une ou l'autre épouvantable boucherie réalisée secrètement à des fins sexuelles, lucratives, distractives, politiques ou rituelles : une carcasse qu'on retrouvait sans langue, sans organes génitaux, sans oreilles, sans lèvres ou sans cormes, les bois, les pattes, les pieds, les mains ou la queue coupés, le peau enlevée, les dents extraites, le coeur et le foie arrachés, les orbites dénoyautées, les tripes éparpillées...) caché sous un tapis de feuilles mortes.
Et sachant aussi surprendre, dépister, démasquer et débusquer les meilleurs morceaux de ngulu ou de makayabo enfoncés au plus profond d'un plat de madesu, une famille nombreuse de cancrelats squattant un vieux frigo à pétrole, un homard  tapi dans son terrier, un bonbon à la menthe déjà déballé et à peine sucé qu'un certain Odyssée (cet pote-là, je vous le présenterai plus tard, son heure n'est pas encore venue) avait oublié au fond des poches de son long manteau poisseux, un gecko et un crapaud réfugiés dans des baskets puantes qui avaient été chassées de la maison par leur maître et qui avaient dû passer la nuit sur la terrasse,à l'extérieur, un préservatif usagé (conservé comme un indice, un témoignage, un souvenir ou une sainte relique) dissimulé dans le dos de la reliure d'un missel romain ou un fromage de brebis ou même un Ettekeis très odoriférant planqué dans le cabas ou le kitunga de Perrette, une jeune fermière de la Petite Suisse qui, très tôt le matin, légère et court vêtue, cotillon simple et souliers plats, menait paître ses moutons au Bois de la Cambre ou dans les jardins de l'Abbaye du même nom ou descendait la chaussée de Boendael et... Lalalala ! Lalalalère !, s'en allait vendre son lait et les produits de sa ferme au marché dominical de la place Flagey, longeait le Van Oo, l'Hôtel-Dieu de la châtellenie d'Awel, aguichait Jipéji et flirtait avec Diderot (toujours alerte et fripon, le vieux galant), faisait des grâces à toutes les divines et diaboliques créatures, atournées et pimplochées (les Nanas Benz, les Dames Hersent, les Ma Mbutu ou les Dirty Duchess, les épouses titulaires et les courtisannes particulières d'autorités sorcières, les mères supérieures et les patronnes de pressing), à qui cette jeunette insolente disputait le coeur du gigolo et du maquereau (c'est selon), embrassait sur la bouche Anne-Antoinette Champion et toutes les suivantes de cette première dame : Madeleine de Puissieux, Maman Catherine Deux de Russie (portant des chapelets de gousses d'ail autour du cou), Maman Louise d'Epinay et sa copine Jeanne-Catherine Quinault (appelée Madame de Maux du nom de son mari), Mademoiselle Jodin, Madame Madin, Marguerite Delamarre et Suzanne Simonin...

Okéé...
Calmons-nous ! Calmons-nous ! Calmons-nous !
Revenons rapidement à notre personnage principal et à ses tribulations ! Cessons d'indisposer... Délires ! Divagations !, ou d'effaroucher les lecteurs pusillanimes, cessons de nous disperser, licencions nos délires, externalisons nos divagations et concentrons-nous sur notre core-business : les aventures de Vieux Condor (alias Kovo, alias Mukokoli, alias Mutu ya Libandi) et de Lédenté (alias Mapengo)

L'odorat de Vieux Condor (qu'on surnommait également Zolo Esalakate ou Zolo Ekufa) s'était atrophié après une curieuse mésaventure dont les fabulistes s'étaient fait largement l'écho et qui l'avait couvert de ridicule : depuis qu'il avait imprudemment ouvert son large bec et naïvement laissé tomber sa proie, Vieux Condor n'était même plus capable, en effet, de distinguer, au nez, un camembert moelleux de Normandie d'une savoureuse kwanga blanche et pete-pete du Bandundu, de l'Equateur ou du pays Kongo, un gigot de gazelle fraîchement abattue de la vieille charogne desséchée d'un cabri écrasé par un camion militaire déglingué conduit par un chauffeur ivre et dont les freins avaient lâché.
Penaud, mortifié, ayant perdu beaucoup de plumes dans cette histoire, piqué par un moustique-tigre ou rongé par un cancer ou atteint par un virus ou une flèche empoisonnée... Azui kipelekesa !, et pisté depuis lors par des thérapeutes, des enquêteurs, des psychologues, des coachs et des assistants sociaux, des coiffeurs et des esthéticiennes, des chasseurs de gibier ou de coupeurs de tête sans états d'âme, victime d'un traumatisme psychologique grave et d'un choc anaphylactique profond (erythème, urticaire, baisse de la tension artérielle, gonflement des lèvres, tachycardie, nausées, vomissements, diarrhée, etc), l'aile gauche pendante, emmitouflé dans une vieille écharpe dont il ne se séparait jamais, Vieux Condor, le "Phénix des hôtes de ce bois" avait cessé d'être un renifleur hors pair et un détecteur d'arômes rares.

Enseignant harangueur ayant réussi jadis à soulever l'enthousiasme de ses étudiants, musicien rumba-punk très apprécié des mélomanes de la Tshangu, de Matete et de Yolo-Nord (l'ancien avant-centre de l'attaque-chant d'un orchestre de la nouvelle génération désireux de changer l'avenir, de faire entendre aux djeuns une musique différente et de les inviter à jouer eux-mêmes de tous les instruments) connu pour avoir composé des nzembo particulièrement entraînants, audacieux et insolents ou vendeur à la criée s'étant montré capable de transformer une foule en colère en une assemblée revendicatrice (se servant d'un mégaphone à piles vendu par les commerçants chinois, coalisant et fédérant les mécontents de tous bords et de partout, les appelant à se rassembler et à manifester, brandissant des pancartes, distribuant des sifflets et des vuvuzela ou suggérant aux indignés d'organiser un grand chahut en battant du tambour ou en frappant le cul des bouteilles et en tapant en cadence sur des casseroles, incitant les protestataires à résister, à se défendre et à contre-attaquer en lançant des mangues pourries ou des cacas Molotov sur les corps habillés en bleu ou en kaki), Vieux Condor avait, dans chacun de ses rôles, profondément déplu à la Haute Hiérarchie, commandeur de tous les sorciers, et à ses principaux collaborateurs chargés respectivement de l'agit-prop, de la sécurité sorcière et des affaires économiques, financières, agricoles, forestières, pétrolières et minières particulières, à savoir, pour rappel :

- Ysengrin, le sorcier légataire et administrateur général des "services"Chef de brigands et grand organisateur de coups montés et de crimes d'Etat, Ysengrin est réputé commander et orchestrer (à la demande expresse de la Haute Hiérarchie... ou de sa propre initiative, en fonction de ses intérêts particuliers) ou, à tout le moins, "couvrir" et "exploiter" l'ensemble des actes de brigandage policier, politique, constitutionnel, électoral, diplomatique, sécuritaire, militaire et judiciaire et autres agissements en marge de la loi dont se rendent coupables les sorciers de tous bords (régaliens, feudataires, légataires, proconsulaires ou territoriaux), les crapuleux et les instrumentistes répondant à leurs ordres

- Tshaku, le sorcier régalien en charge de l'agit-prop. Egalement appelé Goebbels ou Buka Lokuta (2ème du nom) ou "le Vuvuzélateur", Tshaku est le menteur public au service de l'Etat sorcier. Tshaku est féru dans l'art du brigandage intellectuel, du bourrage de crâne, de la contrevérité, de l'imprécation, de l'anathème, de la campagne de dénigrement. Il est également réputé constituer de milices de Pomba ou de Wewa "gros bras" (recrutés à De Bonhomme, Ndjili, Matete ou ailleurs) dont il se sert (moyennent le versement d'une "motivation" de  65 dollars par personne s'engageant à participer, sous le protection des corps habillés en bleu, à une contre-manifestation violente avec gourdins et barres de fer) pour intimider les opposants ou disperser les manifestations (non seulement à Ndjili mais aussi à l'intérieur du pays: à Lodja, etc). Tshaku est une fistune anale perfide et putride, nauséabonde et purulente. Il  trahit et assassine Patrice-Emery Lumumba tous les jours, en cochonne la mémoire et en pervertit la pensée politique

Bouki l'Hyène, alias "L'Affairé" ou "Le Ventriote", le prototype de sorcier feudataire. Les sorciers dits "feudataires" sont très nombreux et aussi voraces les uns que les autres si bien que "Bouki l'Hyène"est un nom de genre plutôt que le nom d'une seule personne : les hyènes, en effet, vivent en meute  et sont capables de réduire à néant une entreprise, un service public ou un projet de développement en quelques années, voire en quelques mois; leurs groupes comprennent des dominants et des dominés... et les dominés doivent régulièrement soumettre leurs organes génitaux à l'inspection  des dominants et, particulièrement, de la Haute Hiérarchie et de ses "services". Bouki l'Hyène est chargé de gérer, pour le compte de la Haute Hiérarchie, différents trafics, "protections", affaires juteuses et autres actes de brigandage économique, social et culturel: détournements de fonds publics, opérations retour et blanchiment d'argent, trafics d'armes, de bois rares et de minerais précieux, abattage d'espèces "en danger", prospection pétrolière dans les parcs naturels, expropriation des paysans de leurs terres ancestrales, mise au travail forcé de Blanche neige et de ses sept nains envoyés creuser dans les galeries minières de la sorcellerie...


La Haute Hiérarchie avait donc instruit  ses principaux collaborateurs d'exclure le corbeau de tous les concerts et de tous les marchés.
- Tshaku a décrété que je puais du bec, que j'étais extrèmement contagieux, que je constituais une menace pour la sécurité de la sorcellerie, que j'étais interdit de scène et d'antenne et que je ne pouvais plus recueillir les plantes et les témoignages des gens ni m'exprimer par voie de presse ou de communiqué, ni fréquenter des artistes, des journalistes, des défenseurs des droits de l'homme ou des diplomates, ni me produire, sans autorisation préalable, devant quelque assemblée que ce soit ! 
- Et Ysengrin ?
- Ysengrin m'a fait embarquer et tabasser par les corps habillés en bleu ou en kaki et m'a sérieusement mis en garde. Il m'a fait arracher les ongles par les instrumentistes des services... Pour que tu ne puisses plus griffer personne !, et demandé de quelle mort accidentelle et naturelle je préférais mourir: empoisonné par des champignons, croqué par un chien d'attaque, noyé dans un kikoso ou dans des latrines ou foudroyé par Kake... A titre conservatoire, il a ordonné la confiscation immédiate de ma carte d'électeur et de mon contrat de travail, de mon micro et de mon porte-voix, de mon stylo et de mon ordinateur, de mon téléphone portable et de mon passeport !
- Et Bouki ?
- Bouki l'hyène a cherché à m'isoler et à m'affamer ! Il a fait abattre tous les arbres sur lesquels je perchais avec ma bande ! Il a ordonné d'assécher les étangs et les autres point d'eau dans lesquels je me lavais et m'abreuvais! Il a fait mettre le feu à la savane pour détruire les fruits, les champs de mil et d'arachides, les nids d'oiseaux, les limaces, les insectes et toutes les petites proies dont je faisais mon ordinaire ! 

Mais Vieux Condor... Ata physiquement bosselé ou déglingué !, esprit libre et mutin, ne se laissait jamais abattre par le mauvais sort, n'abdiquait jamais, ne se résignait jamais, ne baissait jamais les bras, refusait d'échouer, tenait bon... Match esili te ! Revanche ekozala !, continuait de lutter et de résister et ne se soumettait jamais, jamais, jamais, jamais, JAMAIS ! 
Bien qu'ayant perdu son arbre, sa bande et son odorat, Vieux Condor était toujours capable en effet (et il ne s'en privait pas) de donner de très beaux coups de bec : non seulement pérorer, kokretcher (et kotonga batu), décocher des propos assassins mais aussi écrire de très belles missives, signées ou anonymes, en lettres capitales ou gothiques, à l'ancienne, sur du vrai papier ou sur le web.
Et ces talents de témoin sarcastique, de colporteur et de partageur d'idées, d'insulteur de l'ordre établi et d'écrivain public l'amenait souvent à collaborer avec d'autres gens de bouche et de lettres : avec, d'une part, un facteur à vélo qui aimait ramasser, transporter et rapporter les potins de toute la région en distribuant le courrier et, d'autre part, avec un certain Monsieur Pinchon... Un "sauvaaache", autiste, paganiste, anarchiste ou sataniste, disaient les habitants du hameau des Boucs où il s'était installé !, qui prenait le plus grand plaisir à être au courant de tout sans se montrer jamais et à s'informer, auprès de son facteur, de tous les derniers songi-songi, "blagues" ou histoires ciculant dans les fermes, boulangeries, cafés sans Dieu et cafés des syndicats chrétiens, bordels et presbytères des villages environnants de même qu'à envoyer au loin des plis ou des billets secrets, écrits à la main, glissés  dans de vraies enveloppes et à recevoir des épitres, bafouilles et cartes postales, timbrées et cachetées, venant de l'autre bout du monde .

Chaque matin, avant de s'adonner à sa passion quotidienne du libelle et de l'imprécation, de l'observation de la société sorcière et de la dénonciation de l'arbitraire, le corbeau passait son bec sous une aile puis sous l'autre, s'arrachait une plume à l'aile gauche, jetait des graines de diamba... Bolia likayabu ! Bofeta matima ! ou lançait ses lignes appâtées, soufflait dans ses appeaux, attendait que ça morde et que les poules et les perdrix accourent, s’efforçait de mettre en rang les mots épars qui s'étaient cachés dans les buissons et s'y étaient creusés des nids, taillait des flèches, aiguisait des couteaux et se mettait à rédiger, proférer ou diffuser ses pamphlets, diatribes et déclarations d'amour, invectives, slogans et calicots, harangues, proclamations, mots d'ordre, actes d'accusation et appels au soulèvement d'un seul trait, sans hésiter, sans trembler et... Pftt Flac !,  fiantait avec précision sur la barrette du curé et le képi du garde forestier et... Pftt Flac !,  sur le parebrise blindé, les vitres fumées ou l'antenne de télécommunication de la 4x4 de commandement d'Ysengrin, l'administrateur général des "services"  et... Pftt Flac !, sur l'attaché-case de Bouki l'hyène, l'affairé en charge de tous les méchants et juteux trafics des sorciers et... Pftt Flac !, sur la micro nauséabond de Tshaku, le menteur public et porte-parole de la Haute Hiérarchie.

Okéé...
Après avoir présenté Vieux Condor (alias Kovo, alias Mukokoli, alias Mutu ya Libandi) (alias Zolo Esalakate, alias Zolo Ekufa)  il serait temps de passer à Lédenté (alias Mapengo), non ?




Ndlr : Vous êtes encore perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
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