lundi 28 mars 2016

SCC8/8 - Pavillon 8 :SAINT MONON et MA MBUTU - on remue le squelette de saint Monon (le raccourci) et on donne la parole à (l'opulente) Ma Mbutu alias duchesse d'Argyll (la Lady)


Okéé...
Ce n'est pas facile de raconter des histoires normales pour gens normaux ! Je m'égare et je rame !
C'est dans ma tête que tout s'embrouille et que les époques, les langues et les lieux se télescopent, C'est dans ma tête aussi que des ruisseaux d'origines diverses se croisent, se rejoignent, se fondent et franchissent des ponts ensemble, traversent des villes, se séparent, se retrouvent puis, après avoir parcouru de multiples siècles, franchi plusieurs générations et exploré de nombreux continents, se séparent encore, passent du boogie-woogie au coupé-décalé, du rapport d'activités au programme d'action, du free-jazz  au ndombolo...
Restons-en là ! Finissons-en, oh !

Okéé...
Oublions donc le facteur à vélo... le visage et les mains encore fardés de poudre rouge, son engin chamarré sur l'épaule, marchant en boitillant du côté droit de la route menant de Forrières à Nassogne (la N889) ... le Nassogne du Royaume de Jupiler et non pas celui de la République d'Awoyo (dans le canton de Djaba, en effet, figure un autre Nassogne, apparenté mais différent, fondé par Gougoui Kangni mon beau-père adoptif et Nicole sa compagne française, un Nassogne recomposé auquel on accède en empruntant la route de Kpalimé au départ de Mélo puis, peu avant Kévé et Assahoun, en tournant à gauche en direction de Todomé)... levant le pouce et essayant vainement de se faire prendre en stop par des gens normaux venus passer leurs vacances au camping Fontaine Monseu, au Thier des Gattes... puis grimpant la rue des Tilleuls, traversant la rue de Marche, empruntant ensuite...Escaladant !, la rue de Coumont en direction de la chapelle Saint-Monon... où reposent (mais on les remue une fois par an, comme à Madagasikari) les vieux ossements d'un sermonnaire... conservés dans une châsse sur laquelle, le dimanche après l'Ascension, les paysans des environs venaient jadis  frotter des poignées d'herbes et de feuilles qu'ils donnaient ensuite à leurs animaux pour préserver leurs troupeaux et leurs récoltes de la maladie, du dérèglemment climatique et de la dépression nerveuse, de Kake (ou Hébiesso), des envoutements, des sortilèges et de Satan... un secrétaire à la mobilisation, propagande et animation évangélique...
- Un extra-terrestre, venu d'où et arrivé par quel chemin, Douchka ?
- Un agent de l'étranger, agitateur Irlandais ou provocateur Ecossais... à moins qu'il ne s'agisse d'un Père blanc "de bonne famille" francophone ou d'un Scheutiste anderlechtois ou d'un Jésuite flamingant ! 
- Venu faire quoi ?
- Imposer une nouvelle croyance à des Ardennais... Ces rustres ! Ces sauvages !,  qui n'étaient demandeurs de rien, s'attaquer aux "Pierres du Diable" et à leurs desservants, civiliser et discipliner les primitifs wallons, développer ces abrutis et les soumettre à l'impôt et à des travaux d'ordre éducatif, convertir ces païens et ces libertins ! Débusquer et excommunier les anarchistes qui refusent de se soumettre à la loi divine et aux ordonnances et décrets des Césars ! Détruire les fétiches et les dieux concurrents ! Traquer les ramasseurs d'escargots, les voleurs de bétail, de régimes de noix de palme et de cabosses de cacaoyer, les chercheurs d'or et les tendeurs de collets qui refusent de s'acquitter de la dîme !
- Bien des siècles avant l'abbé Willy ou le père François, si je comprends bien ?
- E bongo ! Monon était un missionnaire avant-gardiste, un défricheur, un devancier qui s'était donné la peine... Comme un Van Goch dans le Borinage !, d'apprendre la "langue du village" afin de pouvoir percer rapidement dans sa circonscription évangélique, monter en grade et devenir chanoine... Et même saint !, après avoir transformé efficacement les animistes et païens ardennais en consommateurs contraints de fables, légendes et cosmogonies importées et en clients obligés de la factorerie qui en proposait les services (prières et bénédictions, messes et sacrements payants, séances d'exorcisme ou de mortification, pèlerinages, processions et chemins de croix, etc) et en commercialisait les produits dérivés (images saintes, diplômes ou documents cachetés valant indulgences plénières, médailles miraculeuses et autres fétiches de protection, etc)... Mokonzi azala na binooo ! Bokende na bobotooo!, mais il n'avait pas fait de vieux os dans la région, la gaillard : il avait trouvé la mort "dans des circonstances tragiques" et "à ce jour non entièrement élucidées", décapité à serpe, à la machette ou au coupe-coupe, faute d'avoir su respecter les croyances des gens du cru et cohabiter harmonieusement avec les druides !
- Les nouveaux missionnaires dépêchés  par la Congrégation pour la doctrine de la loi ou la Congrégation pour l'évangélisation des peuples sauront-ils pactiser avec les guérisseurs et les devins, Douchka ? Renonceront-ils à traduire le type de Wellin devant un tribunal de la Sainte Inquisition ? Laisseront-ils Monsieur Pinchon s'exprimer à sa manière et communiquer librement avec les arbres et les animaux de la forêt, supporteront-ils ses accointances avec Kake (ou Hébiesso), toléreront-ils qu'il leur commande ?
- Tokotala !
un perturbateur de la culture, des coutumes et de l'économie locales et un colonisateur téméraire et irrespectueux dont les "gens de Forrières" s'étaient débarrassés vite fait et qu'ils avaient raccourci...

Okéé...
Oublions donc le facteur à vélo, marchant en boiti-boiti-boitillant, le visage et les mains peints en rouge, portant sur l'épaule son engin multicolore aux pneus (jaune citron) crevés, à l'axe de la pédale faussé vers le bas, regagnant son domicile de la rue des Champs... Al copète !,  près de l'ancienne forge du maréchal-ferrant, levant le pouce et essayant vainement de se faire prendre en stop par des gens normaux qui habitaient, à l'époque, une "propriété" jouxtant la chapelle susnommée... une propriété qui, après dissection et inventaire, comprenait : une demi-grille branlante ou défoncée, une allée caillouteuse, des buissons touffus dissimulant parfois des nids d'orties et des repères de chardons, des bosquets de noisetiers et quelques parterres pierreux (dans lesquels survivaient quelques fleurs fanées sur pied), un vieux potager rendu stérile par l'urine...
- On se calme !
d'un troupeau de moutons qui y avait passé l'hiver, des espaces d'herbes à vaches (ou à chevaux) loués à Zélie, la veuve Lambert ou à d'autres fermiers des environs, une impressionnante haie de grands hêtres habités par une bande de corbeaux revendicatifs, un petit bois dans lequel avait été érigé un tumulus de terre et de caillasse (fantasmé en cairn celtique), une "prairie basse" en contrebas (fantasmée en ligne de défense d'un oppidum romain) abritant un ancien verger dont les pommiers, cerisiers et poiriers, laissés à l'abandon, ne donnaient plus de fruits et une baraque prétentieuse, entourée d'un pelouse de bonne famille (dont, cependant, le gazon "anglais" se faisait régulièrement bloquer par les ronces communes et les taillis du cru et supplanter peu à peu par les herbes du village, beaucoup plus saines et vigoureuses) et essayant de se faire passer pour un château franquillon de Flandre (en briques, unitariste et monarchiste, arborant fièrement le drapeau du Royaume de Jupiler à l'occasion de chaque fête patriotique ou vaticane, faisant confiance au Tout-Puissant Marché, très investi dans les oeuvres paroissiales), par devant mais dont le cul...
- On se calme; Douchka ! Tu vieillis mal et tu fais une fixation sur les culs ! Ne tombe pas dans la pornographie !
- M'enfin, petite chérie, une croupe bien rebondie peut être élégante, gracieuse, pudique et vertueuse, non ?  Intrinsèquement, un cul n'a rien d'obscène !
- Espèce de juriste ! Enfant de Jésus ! Adorateur d'Aïcha !
- La mer peut être calme mais le fond de la mer n'est jamais plat, petite chérie...
trapu, en pierres locales, était évidemment celui d'une joyeuse et vigoureuse fermière ardennaise... une propriété dont les bâtiments abritaient, certes, quelques meubles de famille, des tapis et des rideaux faméliques et quatre pianos plus ou moins désaccordés mais ne comportaient aucun passage secret et n'hébergeaient aucun fantôme (mis à part un vieux crocodile famélique, désséché, désabusé et fatigué de tout qui n'effrayait plus personne... La dépouille d'un dragon revenu de quelle croisade ? Ne faisant plus partie des souvenirs de personne ?, qui se serait réfugié sous les combles en compagnie des chauves-souris et n'en sortirait presque jamais, même à la nuit tombée) mais dont le parc était néanmoins féérique avec, en vedette, un arbre âgé de près de 150 ans ayant longtemps été considéré comme l'arbre le plus haut du Royaume de Jupiler jusqu'à ce que l'offensive von Rundstedt le décapite et lui fasse perdre un peu de sa superbe : un wellingtonia gigantea ainsi nommé par référence... A l'homme de Wellin, sans doute ?, au vainqueur de Napoléon Ier à Waterloo et dont la petite graine...
- On se calme ! C'est une addiction, Douchka ? Tu ne peux pas t'en empêcher ? Tu ne peux pas te retenir ?
- Patience, ma petite chérie (et ma critique sourcilleuse), tu n'as encore rien lu jusqu'à présent que tu puisses vraiment me reprocher... mais tu as raison, je sens que ça pourrait venir bientôt !
avait sans doute été ramené des Amériques par l'un ou l'autre de ces envahisseurs, colons ou soudards, voleurs de vies humaines, de terres ancestrales, de ventres féconds et de semences inconnues, qui se sont tristement illustrés dans la conquête de l'Ouest avant de s'en aller piller l'Awoyo ou le Luabongo...

Okéé...
Calmons-nous ! Calmons-nous ! Un ton plus bas, jeune homme ! Rastreins, valet ! Tika, m'fi ! On se calme, oh ! Prends une douche, quoi !
Oublions ça et revenons-en à notre histoire principale. Cessons de divaguer et d'externaliser. Achevons le boulot que nous avons commencé !
Oublions également Monsieur Pinchon... les doigts couverts de sang, comme un initié de Glidji-Kpodji ayant joué du tambour sacré, plusieurs nuits durant, sans aucune interruption !
Rappelons-nous seulement les noms des personnages principaux: Vieux Condor et Lédenté. Et concluons sans tarder, par une morale appropriée, cette histoire zoba-zoba, sans queue ni tête, sans temps ni lieu, sans langue déterminée et qui traîne en longueur.

Ainsi allaient, écrirai-je pour conclure, les aventures du corbeau nommé Tiécelin (alias Kovo, alias Zolo Ekufa) et du goupil nommé Renart (alias Mapengo) : Tiécelin, un corbeau qui avait, certes, perdu son odorat mais pas ses talents de témoin sarcastique, de colporteur et de partageur d'idées, d'insulteur de l'ordre établi et d'écrivain public et son astucieux compère et compagnon de lutte et de galère, Renart, un goupil omnivore et opportuniste, espiègle et malicieux, hardi, déluré, inventif, effronté, frondeur, roublard et...
- Renart était trompeur, certes et toujours prêt à faire mine de se repentir. N'hésitant pas à solliciter, sous la torture... Pardon, Patron Ysengrin ! Limbisa ngai, chef ! Nakosala lisusu te, Excellence !, l'absolution du sorcier qui l'avait fait arrêter, bastonner et casser les dents par ses gens...
- Quelle mentalité, Douchka !
- Il fallait bien survivre, petite chérie, c'était ça le plus important ! Mais rassure-toi, une fois libre (après relaxe, amnistie, évasion ou exfiltration à la suite de diverses interventions et/ou après versement de rançons et autres "ccopérations" ou "motivations"... ou aussi, le plus souvent, après avoir purgé intégralement une peine inique prononcée par des juges aux ordres), le sémillant polisson ne tardait pas à rebondir... et à courir au devant de Dame Hersent (alias Ma Mbutu)... Ça fait longtemps ! Ya tobina, Mèré !, à l'inviter à danser le ndombolo... Molunge, ko ! Tokolongola bilamba, Mèré ?  dans un hôtel-bar de Bumbu, de Selembao, de Ngiri-Ngiri, de Kasa-Vubu ou dans un nganda de N'djili Sainte-Thérèse ou du boulevard Kimbuta et... To kota zala !, à l'entraîner na zara moko (esika moko ya kolala mpe ya koyamba molongani). Et le suborneur de se jeter avec un féroce appétit sur la cougar, épouse opulente et canaille, d'Ysengrin (...Ysengrin, le junker impitoyable, toujours très occupé à espionner, bâillonner et embastiller, conduisant lui-même la chasse aux contradicteurs, réfractaires et opposants, flairant ses proies à distance, détectant tous les gestes suspects, propos factieux et mauvaises pensées... Ysengrin, le loup dominant toujours entouré d'une cohorte de gardes du corps, de batu ya mbongo, de commissionnaires, de mouchards et de cafards, de flatteurs et de babiro). Et Dame Hersent, épouse titulaire mais délaissée... et toujours entichée du likata de son flamboyant amant, le laissait approcher... mais le recadrait aussitôt et révisait notablement les termes de référence de leurs échanges : attention, chouchou, respect ! je suis quand même la femme d'une autorité et c'est moi qui ai réussi... Et ça m'a coûté cher!, à te faire sortir du cachot obscur et clandestin (ou du pavillon grouillant de vermine, eske ngai nayebi ?) dans lequel Ysengrin t'avait fait enfermer par ses gens, respect ! et tu as la gueule toute défoncée, ton corps est couvert d'ecchymoses, tu as les oreilles et les arcades sourcillières recollées avec du sparadrap, tu n'as presque plus de dents et, ce qui n'arrange rien, te voilà amaigri et complètement fauché ! alors c'est moi qui commande maintenant, plus question de me prendre par derrière et de m'obliger à te sucer la limace (ou le lézard, l'anguille, le cobra ou le poisson à moustache, mi-chat, mi-léopard, c'est tout pareil), tu es devenu mon obligé, tu me dois des égards et de la considération ! et désormais plus rien ne sera comme avant, tu devras me baiser à ma façon, na ndenge nalingi ! et te mettre au service de mon plaisir et non plus seulement du tien,  n'oublie pas que c'est moi qui tient les cordons de la bourse (si je peux m'exprimer ainsi, hihihih), chouchou, et que toi, tu as besoin de lard, sinon je ne te verrais même pas ! et donc tu vas me faire une lichette, bien-bien ! comme dans les films qui passent à la télé après minuit, ça je te le permets, il ne faut pas tout jeter dans les coutumes des Bulankos et des Gicas ! d'abord tu enlèves ton dentier, chouchou, que je voie à quelle espèce de mapengo tu ressembles maintenant ! et ensuite tu descends à la cave et tu me léchouilles et tu me serres et tu me lichailles et tu me bourres le bunia avec ton soka moto (cette espèce de Japonais ou de Droit de l'homme que les instrumentistes d'Ysengrin ont dû oublier de te couper, gloire à Dieu !) et tu me cognes aussi fort, aussi profondément et aussi longtemps que tu le peux et puis tu redescends à la cave, kita ! kita ! kita ! kota na cave ! kita ! kota ! sukola ! sukola ! et tu me pourlèches encore et tu achèves le travail bien-bien mais je reste toujours la patronne, respect ! et ne me prends pas pour ton facteur à vélo, ne te trompe pas de trou et n'essaie pas de me mukukuler, kosakana na ngai te ! ce sont là des manières de Jésuites qui font ça avec les filles du Sacré-Coeur pour ne pas les enceinter, c'est dégoûtant ! c'est répugnant ! c'est immoral ! et c'est un péché grave que seuls les Mompe peuvent se permettre (compte tenu de leur éducation et de leur appétence pour les saintes vierges et les Mamelo, on peut encore les excuser...) mais ça provoque des diarrhées fulgurantes, des hémorroïdes et des écoulements sanguins pouvant conduite leurs femmes directement en Enfer ! et je voudrais aussi, chouchou, qu'à partir ya lelo tu cesses de te disperser et de céder aux avances de n'importe quelle voleuse de sperme, respect ! eh oui, ne fais pas l'imbécile et ne me prends pas pour une idiote, il est normal que mwasi lokola nga nazala zalou, j'ai un statut social à préserver, ko !) ou sur la terrine de pâté de lièvre ou de pigeonneaux que le cocu s'était réservée et s'en allant la (ou les) gloutonner, gougnoter et glottiner tranquillement dans les sous-bois du maquis de Malpertuis, en Ardenne, au Kwilu ou dans la savane boisée du canton de Djaba...
- Quelle mentalité ! Et le langage de ta Ma Mbutu est, comment dire... poissard, non ? Quelle vulgarité ! Tu as vraiment de drôles de relations ! Un caviste et une Ya Mado, des personnages à la moralité douteuse ! 
- M'enfin, petite chérie...
- Tu vieillis mal, Douchka, tout le monde le dit ! Et voilà maintenant que tu sombres dans la pornographie ! Je sentais ça venir depuis un certain temps ! Mais cette fois, on y est, on est en plein dedans ! L'âge et la littérature n'excusent pas tout ! S'ha acabat el broquil, tu ja m'entens ! 
- Tu es partiale et de mauvaise foi, petite chérie ! Ozo comprendre ngai bien te ! Dans mon roman, Dame Hersent est une Margaret Campbell, une duchesse d'Argyll ! Elle est une femme vive et intelligente qui a, certes, du caractère mais qui refuse d'être réduite à la condition de rideau ya ndako, de maîtresse de maison ou d'épouse reproductrice : un ventre fécond mis à la disposition d'un mari ivrogne, infidèle, impuissant, fat et présomptueux, faisant valoir sa proximité avec la haute Hiérarchie et ayant reçu d'un prêtre, d'un pasteur ou d'un imam (bwaka mayi na molangi, mon fils !) la mission autocratique et sorcière de remplir de liquide reproducteur la matrice de sa conjointe. Elle refuse également d'être le sex-toy d'un amant, d'enfourner à pleine bouche une verge égoïste et sans esprit ou d'être obligée, pendant l'acte sexuel, de tourner le dos à son partenaire et de se mettre ainsi dans une position périlleuse et difficile à contrôler ! Elle veut faire l'amour face à face, fara-fara ! et prendre son plaisir comme une vraie personne et ne pas être la chose, le sujet ou l'objet sexuel de quelqu'un. Dame Hersent, petite chérie, n'est pas une Dirty Duchess, c'est une Lady, une femme de conviction, une féministe et une sainte, une Dona Beatriz Kimpa Vita Nsimba ! Renart, pour sa part, devait survivre, se refaire, gagner sa croûte... mais rien ne pouvait l'empêcher de prendre son pied en vidant sa crampe dans des circonstances aussi picaresques qu'angwalimesques : en jargaudant sa protectrice, en besognant sa bâilleuse de fonds et en saillant la femme de son tortionnaire ! Revanche kaka ! Dette coloniale ya sika ! Et les ngembo et autres tifosi d'applaudir aux exploits sexuels du Mario et de sa commandante ! Quelles chevauchées ! Quelle belle équipe ! Quel enthousiasme, quelle abondance et quelle générosité ! Quel jeu collectif  ! Et il apparaissait clairement, à l'audimat, que Renart aleki Ysengrin na makasi et que le chasseur élégant et solitaire l'emportait nettement sur le chef de meute féroce et sanguinaire ! 
- Drôle de mentalité, vraiment ! Mierda de perro ! Et tu es d'accord avec tout ça ? Désolé, Douchka, mais moi je peux très bien me passer de ta Ma Mbutu !
- M'enfin...
- Et de ton Pavillon 8 aussi ! Tu peux te le mettre où je pense ! Dans son intégralité !
- Et Saint Monon aussi ?
- Aussi !
- Et la sous-histoire racontant comment Lédenté, Monsieur Pinchon et le facteur à vélo se sont rencontrés et ce qu'il est résulté de cette entrevue ?
- Tes histoires périphériques aussi ! Elles n'apportent rien ! Elles sont superflues !
- M'enfiiin, petite chérie, je suis quand même ton mari préféré, non ?
- Et moi, je suis ta critique sourcilleuse et intransigeante ! Et je dois te dire encore que, s'il me fallait choisir entre tes deux personnages principaux, un activiste vachard mais intrépide et un garnement facétieux mais jouisseur (aussi tordu l'un que l'autre, très certainement) j'opterais pour Vieux Condor (le corbeau aux nombreux handicaps et aux multiples surnoms, avec son écharpe ridicule autour du cou, comme s'il craignait de prendre froid ou de perdre sa voix) ! Je le préfère de loin à Lédenté (la fripouille et le galantin à la mâchoire rafistolée, l'insolent et le libertin qui enferme sa queue dans un sac pour échapper aux vieilles copines de Jipéji et de Diderot) ! Incontestablement ! Et d'ailleurs, ton renard, ses "aventures" ne sont pas très claires ! Comment s'est-il cassé les dents : s'est-il pris une batte de base-ball , une pelle, un rateau ou une porte dans la gueule ? A-t-il été percuté par un facteur à vélo à l'entrée de la parcelle de Monsieur Pinchon ou a-t-il été victime (c'est ce qu'il a raconté aux flicards de l'Office des Etrangers et aux cloportes examinateurs de demandes d'asile du Commissariat Général aux Réfugiés et aux Apatrides du Royaume de Jupiler?) d'un tabassage en règle par les instrumentistes des "services" dont il cocufiait l'administrateur général... ce qui peut difficilement passer pour un acte de résistance populaire au régime sorcier?
- M'enfiiiiin, petite chérie, tu es injuste : le corbeau et le renard sont tous deux des accidentés de la société sorcière et leurs infirmités sont avérées, quelles que puissent en être les causes ! De même que les maltraitances dont ils ont fait l'objet de la part des "services" et des crapuleux (et des instumentistes à leurs ordres) ! Par ailleurs, ce sont tous les deux des lutteurs acharnés, courageux, convaincus et bien déterminés à changer la vie, la leur et celle de leurs proches ! Ils combattent les mêmes adversaires ! Chacun à sa manière et avec les armes dont il dispose ! On fait son feu avec le bois qu'on trouve dans sa parcelle (ou dans les environs), non ? Le corbeau et le renard sont devenus tellement complémentaires qu'ils constituent en fin de compte une seule et même personne, un seul et même héros : le peuple !
- Tu rigoles, Douchka ? Quel peuple ?
- Le peuple des gens qui travaillent durement pour des poussières, des anciens sengi (ou des mukuta ou des zaïres constamment dévalués oudes centimes de francs) ou quelques nguba et des gens qui n'ont pas de travail et sont obligés de se démerder de toutes les façons possibles et imaginables ! Le peuple des gens qui vivent au taux du jour ! Le peuple des gens qui, pour seulement survivre, doivent se battre sur tous les fronts: non seulement contre le système sorcier mais aussi contre le Tout-Puissant Marché qui, l'un comme l'autre, conjointement et cyniquement, l'exploitent et le pressurent ! Le peuple des gens qui luttent, d'une part, contre la tyrannie et la prédation des sorciers mafieux et, d'autre part, contre la sauvagerie avérée d'une économie libérale se prétendant démocratique ! Le peuple des gens dont l'esprit de résistance et le RIIIR percutant, incisif et libérateur déstabilisent les prédateurs qui,dans une société sorcière, se sont appropriés tout le pouvoir, toutes les terres, toutes les mines, toutes les forêts, tous les lacs et toutes les rivières, toutes les ressources matérielles ou financières, toute la culture, les savoir-faire, les libertés et les droits des hommes et des femmes, habitant la sorcellerie : la Haute Hiérarchie, ses sorciers, ses "services " et ses crapuleux. Le peuple des gens qui luttent incessamment pour le changement (aussi bien au sein la sorcellerie mafieuse des uns que dans le pays d'immigration des autres... lorsque la "vie meilleure" qu'ils avaient espéré trouver dans une "démocratie du marché" s'est avérée finalement n'être qu'un leurre). Le peuple des gens dont le courage, les convictions, la détermination et les éclats de RIIIR font vaciller les sorcelleries mafieuses, basculer les privilèges de classe ou de race, s'effondrer les certitudes de l'argent, chanceler les cours de la bourse et des matières premières et se désagréger les créneaux, autrefois porteurs, du tourisme tropical et du business de la compassion.
- No me digas  ! 
Un goupil, roublard et opportuniste certes, enjôleur et casse-coeur certes, mais qui n'avait jamais (en général) couillonné, entubé, abusé, leurré, berné... Tout ! Il leur a tout fait !, dupé, baisé, niqué, enculé ou mystifié que les nantis et les friqués, les possédants et les dominants, personne d'autre...
- Sauf moi, rectifie le corbeau ! On peut s'être réconciliés, le renard et moi, mais l'histoire demeure et est inscrite dans les livres !
que les seigneurs et leurs larbins, gens d'armes et gens de robe, les propriétaires et les actionnaires, les Nanas Benz les Dames Hersent (alias Ma Mbutu) et les Dirty Duchess, les épouses d'autorités et leurs courtisannes particulières, les mères supérieures et les patronnes de pressing... de même que les nombreuses autres créatures, divines et diaboliques, atournées et pimplochées, que courtisaient Jipéji et Diderot dans les chambres, couloirs, ascenseurs, salons, boudoirs et jardins de la Résidence Van Oo... et particulièrement Anne-Antoinette Champion et toutes les suivantes de cette première dame : Madeleine de Puissieux, Maman Catherine Deux de Russie (portant des chapelets de gousses d'ail autour du cou), Maman Louise d'Epinay et sa copine Jeanne-Catherine Quinault (appelée Madame de Maux du nom de son mari), Mademoiselle Jodin, Madame Madin, Marguerite Delamarre et Suzanne Simonin...





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